Rapport psychiatrique.
Patient : Auguste Blackwood
Apte

« Auguste : Je suis né 8 ans après le premier fils de la famille. 5 ans après le quatrième enfant. Je crois que mes parents n’avaient pas prévu de m’avoir mais j’ai débarqué comme une fleur et ils n’ont pas su m’empêcher de venir illuminer leur vie. Mon frère James, non plus, d’ailleurs. Deux garçons supplémentaires, dans une famille qui en comptait déjà trois.
Nous n’étions ni riches, ni pauvres. Classe moyenne normande, ma mère avait rencontré mon père au cours d’un voyage à Londres avec des copines. Elle était revenue avec un anglais sous le bras et un bébé dans le ventre. Ils ont vécu d’amour, mais pas d’eau fraiche. Ils ont tous les deux montés leur business : vendre des betteraves sucrières à de petites entreprises françaises.
Ils travaillaient beaucoup sans jamais se fatiguer. Des forces de la nature, mes parents.

Psychiatre : Mais pas vous ?

A. : Je suppose que j’ai appris à l’être ? Quand on fait ce genre de test, doc, c’est pas parce qu’on est faiblard. Je me suis entraîné pendant des années, au sein de la police nationale, pour mériter mon poste. Vos examens, je les ai passé haut la main car je m’en suis donné les moyens. »

Auguste est un jeune homme stable. Il a vécu dans un univers cotonneux pendant de nombreuses années, comme le confirme cette retranscription de notre entretien. Il saurait servir le gouvernement comme il se doit.
Je ne conseille néanmoins pas de le mettre à un poste à responsabilité haute pour le moment, son mental n’est pas assez forgé. Il sera un parfait exécuteur mais un mauvais leader. Si un jour, des hommes devaient être sacrifiés pour le bien de tous, ce serait lui qu’il faudrait mettre en première ligne. Il obéirait sans réfléchir.

« P. : Par le passé, avez-vous fait face à un dilemme difficile ?

A. : Oui. J’ai dû choisir entre aider quelqu’un de proche et risquer d’être moi-même puni pour ses fautes ou la trahir mais être certain d’être sain et sauf.
P. : Vous avez choisi quoi ?
A. : J’ai apporté mon aide. »

Je n’ai pas pu obtenir plus d’informations que cela. Auguste est resté très secret sur ce sujet, il faudra vérifier qu’il n’y a pas anguille sous roche. Mais ce qui me semble important de noter est la loyauté dont il a fait preuve. Il ne nous trahira pas, c’est certain.

« P : Parlez moi de vous, Auguste. Racontez-moi votre passé, vos doutes, vos faiblesses.
A : Vous en demandez beaucoup, doc. Mais d’accord, je vais essayer de répondre à votre « question ». J’ai longtemps été de ceux qu’on ne voit pas. C’est sûrement cela qui m’a poussé à chercher la notoriété. Quand je suis arrivé à Paris, avec mes parents et mes frères et sœur, j’avais envie d’exister sur toutes les bouches. Je voulais repartir à 0 et me forger une nouvelle identité.
J’ai perdu le sens de mon existence à ce moment. Je me retrouvais sous un ciel enfumé. Plus aucune étoile à l’horizon, juste les nuages et la douleur d’être incompris. Parce que je n’étais plus moi-même. Quand j’ai voulu redevenir le vrai Auguste, beaucoup m’ont tourné le dos. Je crois que c’est là que j’ai choppé mon désir d’aimer plus que tout. Et d’être aimé à en étouffer. J’ai aussi découvert qui étaient mes vrais amis, en fait.
J’ai voulu changer pour la reconnaissance des autres, mais j’ai oublié que j’avais pas besoin d’acheter leur amour pour que certaines personnes me voient. M’apprécient. Me soutiennent.
Quand j’ai compris ça, tout a changé. Et c’est également là que je me suis trouvé. J’ai compris ce que j’aimais faire, j’ai découvert qui j’aimais être. Je sortais tout juste du lycée, je me suis engagé. J’ai passé ma vie à servir les autres. C’est pour ça que je sers mon pays.
C’est dans mon ADN, doc.
Laissez-moi être celui que je suis. »

Après ce bilan psychologique, et suite aux notes physiques obtenues, je déclare Auguste Blackwood apte à devenir agent de la BRI-PP.