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Les accords franco-colombiens de 2027 ~ Octave & Esmeralda, 07 juillet 2027

@ Esmeralda C. Alvarez

Esmeralda C. Alvarez
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Mar 16 Mai 2023 - 17:55






Les accords franco-colombiens de 2027

Cela faisait deux semaines maintenant qu'Esmeralda avait quitté sa Colombie natale pour venir vivre ici, à Paris. La ville Lumière, capitale de la mode et de l'élégance, centre mondial des arts, domaine des gourmets et mégalopole du luxe. Quelle gamine des bas quartiers de Bogotá ne rêve pas un jour de pouvoir être à sa place ? Esmeralda toussa lorsque les pots d'échappements des voitures proches ronflèrent au moment où le feu passa au vert. Elle ajusta ses écouteurs dans ses oreilles pour ne pas être déconcentrée par les vendeurs ambulants et ceux qui font la manche. Du Cabrel résonnait calmement dans ses oreilles quand elle parvint au square des Batignolles. Elle évita soigneusement de tremper ses Prada neuves dans les déjections canines qui trainaient là et avança dans le parc lentement.

Cela faisait deux semaines qu'elle venait ici tous les jours, à des heures différentes, dans un but bien précis. L'un de ses contacts en Colombie lui avait fait conseillé de rencontrer Octave Brisacq, une fois à Paris. Il semblerait qu'il fut-ce LE gars à connaitre dans le milieu français. Sur place, et après avoir investit dans un tailleur noir et des chaussures hors de prix qui lui donnent l'air professionnel qu'elle n'avait jamais eu, elle s'était renseignée à des adresses bien choisies. Le bouche à oreilles lui avait conseillé de surveiller régulièrement ce square, où semble t-il le jeune homme avait ses habitudes. On lui avait donné une très vague description physique, l'indice le plus important qu'elle avait était qu'il ne venait ici qu'avec son chien, un malinois de bonne taille. Esmeralda avait donc regardé sur son tout nouveau Smartkia 3310 dernière génération à quoi ressemblait ce toutou et avait pris la direction du parc.

Jusqu'ici, elle avait fait chou blanc. En plus, elle se sentait l'air crétine et suspecte. Elle essayait de dévisager les personnes et de regarder de tous les cotés sans trop en avoir l'air, mais ca paraissait plus grossier qu'autre chose. Quiconque la regarderait plus de deux minutes sait qu'elle est à la recherche de quelqu'un. Sa tenue ne faisant guère penser à un rendez-vous romantique, cela était effectivement plus suspect qu'autre chose. En cette année 2027, la ministre de l'intérieur Jeanne Dorange instaure une véritable chasse aux sorcières aux activités louches.

Un jour, elle avait même accosté un individu qui ressemblait vaguement à la description qu'on lui avait faite d'octave et qui se promenait avec un chien malinois. Il se trouva être en réalité l'un de ces punks à chiens qui subsistent encore de nos jours, résidus nostalgiques de l'anti-conformisme des années 80 et voués au ban de la société. Le punk avait alors sortit un cran d'arrêt de sa poche pour la menacer et la faire reculer. Son couteau était ridicule à coté de ce qu'elle avait pu voir de ses yeux en Amérique du Sud, mais c'était toujours dangereux, et elle avait préféré ne pas faire d'esclandre publique. Son visa n'était pas valide et il valait mieux qu'on ne le regarde pas de trop près. De prime, elle n'habitait pas le quartier et préférait éviter d'avoir à dire aux flics le pourquoi de sa présence dans un quartier qui visiblement, n'avait rien à voir avec sa classe sociale actuelle.

Un autre problème subsistait. IL y aura bien un jour où elle trouvera Octave, et alors ? Comment l'aborderait-elle pour s'assurer que c'était lui ? "Bonjour, vous voulez de la coke ?" Lui glisser un sachet en douce dans l'idée qu'il comprenne et qu'il ait l'indulgence de ne pas la prendre pour une concurrente ? Probablement également qu'il ne veut pas attirer l'attention et ne répondrait pas positivement si elle lui demandait de décliner son identité. Elle ne connaissait pas l'éventuel mot de passe qu'il utilisait avec ses mules. Cela dit, s'il connait son affaire, il connait aussi certains noms qui peuvent lui mettre la puce à l'oreille secrètement, et elle comptait là dessus.

Assise sur un banc à regarder les passants, elle se retint d'exclamer un petit cri de joie en voyant un homme blanc, dans la trentaine ou un peu moins, se promener avec un chien correspondant à ce qu'elle cherchait. Mettant en place le manège de séduction auquel elle songeait depuis deux semaines, elle se renfonça contre le dossier du banc, croisa les jambes et porta une cigarette à sa bouche. Elle avait également un briquet défectueux, qu'elle actionna, en vain comme prévu. Lorsque l'inconnu vint à sa hauteur, elle l'interpella en levant le briquet. "- Excusez-moi ? Tiene un briquet, s'il vous plaire ? " demanda t-elle dans un mélange franco-espagnol. En un mois, elle avait appris les bases de la langue avec une formation accélérée (plus efficace que ses leçons à l'université qu'elle avait délaissé à l'époque), mais elle manquait encore de vocabulaire et de conjugaison. Elle ria faussement. "- Discúlpeme*, un ami à moi, Javier Vasquèz, dit toujours qu'un français qui ne fume pas n'est pas un vrai français. Cela fait partie de vos encantos** ". Bien sur, c'était bidon, mais Javier Vasquèz était l'un des grands pontes du trafic de stupéfiants, actif sur le marché vénézuélien et fidèle client de son père.

* Excusez moi
** charmes

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@ Octave J. P. Brisacq

Octave J. P. Brisacq
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Lun 22 Mai 2023 - 17:03

Les accords franco-colombiens de 2027


Si Octave n’aimait pas une chose, c’était être dérangé pendant sa promenade avec Rex. Même s’ils passaient toutes leurs journées ensemble, il y avait peu de moments pendant lesquels ils pouvaient profiter seulement à deux, sauf pendant les balades.
Durant les balades, les balles étaient de sortie, les caresses se faisaient par milliers et les aboiements échangés ne pouvaient se compter.
Dans le quartier, les gens avaient fini par s’habituer. A quatorze heures, les deux Brisacq étaient toujours là, installés sur le même banc, à partager un morceau de pain et à discuter. Plus personne ne regardait le blond avec surprise, ils avaient tous pris l’habitude de détourner le regard. Surtout qu’à quatorze heures trente, Rex se levait toujours de son spot, accompagné de son maître pour quitter le square.
Il ne servait donc à rien de faire un esclandre.
Ou de l’arrêter comme venait de le faire cette jeune femme.
Prêt à bondir pour défendre son maître adoré crocs et griffes, Rex s’avançait vers l’inconnue, qu’il n’avait encore jamais croisé auparavant. Il aurait aimé la renifler un peu plus mais le claquement de doigt d’Octave l’arrêta. Encore quelques centimètres et il aurait été capable d’allumer la cigarette avec la rage qui bouillonnait en lui.
Heureusement que son maître était là pour le contrôler.
— Tenez, le voilà.
Octave se pencha, fit rouler la molette du briquet et attendit que la cigarette s’embrase pour reculer. Il avait eu le temps de la regarder, cette nana un peu trop souriante pour être honnête. Elle n’était pas la jolie petite poulette que ses chaussures prétendaient. Dans son regard, il y avait une autre lueur, un point sombre qui lui rappelait… eh bien, lui-même, en fait.
Tout en commandant à son chien de s’asseoir, Octave continua de sourire en l’écoutant. Il avait misé juste. Elle faisait partie de leur grande famille. Ou du moins, essayait d’en faire partie, vu le nom qu’elle lui balançait à la figure.
Ce bon vieux Vasquèz, il le connaissait bien. De nom, autant que pour le business à l’étranger. C’était un des grands plans du jeune Brisacq : s’exporter. Et pour ça, il fallait avoir les bons contacts. Si cette belle petite poulette voulait lui en donner…
— Il a raison, tous les français qui se respectent ont un paquet de cigarettes. En revanche, ils n’aiment pas forcément ça.
Un rire fusa de son côté. Tout aussi faux que celui lâché par l’inconnue quelques minutes plus tôt. Ils se ressemblaient beaucoup, apparemment.
Délicatement, pour ne pas effrayer Rex et surtout pour évaluer le danger avant de faire une connerie, Octava tendit sa main à la jeune femme. Elle ne semblait pas lui vouloir de mal mais, même si c’était le cas, elle ne s’en sortirait pas.
— Octave Brisacq. Et vous ?
Il avait hâte de découvrir l’identité de cette Vénézuélienne. C’était un pays qu’il respectait trop pour repousser ses anciens habitants.
Pour autant, la confiance ne régnait pas. Il respectait, mais ne souhaitait pas trop s’en rapprocher. Voilà pourquoi il restait à bonne distance de la demoiselle, une main sur la tête de son malinois. Un mot, un geste…
— Vous êtes là pour des vacances ? Il y a plus beau à visiter que le square des Batignolles. Surtout avec des escarpins pareils.


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@ Esmeralda C. Alvarez

Esmeralda C. Alvarez
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Jeu 25 Mai 2023 - 18:05






Les accords franco-colombiens de 2027

Il aurait été faux de dire que la rage qui bouillonnait de la gueule du chien ne terrifiait pas Esmeralda. Ce chien-là, comme beaucoup d'autres compagnons de personnalités dans son business, avait de grandes chances d'avoir été entrainé à répondre au doigt et à l'oeil à son maître et à nul autre. De parfaites machines de mises à mort. Cela dit, il était très loin d'être le premier qu'elle vit, et pas non plus le plus impressionnant. Toute mal à l'aise qu'elle était, et après un petit sursaut de surprise, elle conserva son calme et focalisa son regard sur le jeune homme. Tant qu'il ne lui disait pas d'attaquer, le chien n'en ferait jamais rien. Il suffisait donc de ne pas lui donner de bonnes raisons de donner cet ordre.

Lorsqu'il tendit le briquet à bout de bras de ses deux mains, l'une pour protéger la flamme du vent, elle avança sa tête, cigarette au bec, jusqu'à avoir son nez entre les deux mains. Son sens olfactif surdéveloppé en pleine action, elle sentait le mélange entre son parfum de créateur, le poil du chien, la sueur relative aux transports parisiens, le feu du briquet et également une substance qu'elle ne reconnaissait guère. Elle attendit le crépitement du bout de sa cigarette pour reculer la tête et se renfoncer dans son banc, tirant dessus pour l'embraser comme il le fallait. "- Muchas gracias. Vous êtes très serviables.*" Elle attrapa sa cigarette entre deux doigts et la décolla de sa bouche, laissant reposer son bras sur ses genoux croisés, dévisageant le bonhomme. Elle était sûre à 95% qu'il était la personne qu'elle cherchait mais il lui fallait en être absolument certain.

Elle ricana encore en réponse à son rire sardonique avant de rebondir, plus songeuse. Elle leva la main qui tenait la cigarette et lui fit faire des arabesques dans l'air. "- Étrange, en ce cas, comme coutume. Mais je vous comprends. Il y a une certain coté artistique à une cigarette tenue entre deux doigts." Elle  reprit une bouffée de poison avant de faire revenir sa main sur son genou. Enfin, elle y était ! Il avait parfaitement compris sa subtilité et lui répondait franchement, dévoilant son nom. Octave Brisacq, il était bien la personne qu'elle recherchait, ses indics ne lui avaient pas mentis, bien qu'elle l'eut pensé à plusieurs reprises ces deux dernières semaines ! Elle attrapa lentement sa main, et lui offrit une poignée douce mais ferme. Les barons qui défilaient chez elle depuis qu'elle est petite lui avait toujours appris qu'on apprend beaucoup sur une personne par une simple poignée de main, et qu'elle devait garder celle-ci sèche, lisse et affirmée. La sensualité n'a pas sa place dans les affaires de ce type. "- Esmeralda. Alvarez. Ravie de faire votre connaissance, Octave. TRES, ravie. " Elle avait appuyé le "TRES" en le regardant droit dans les yeux, dans l'idée de lui faire comprendre que leur rencontre n'est pas dûe au hasard.

Esmée fut d'un coup plus détendue. Elle avait trouvé la personne qu'elle cherchait à Paris et son affaire avançait enfin. Elle en avait complètement oublié le gros chien qui la fixait toujours et se sentit plus à l'aise dans ce parc. Elle retrouva quelque peu de son innocence et de sa naïveté habituelle. A la remarque sur ses chaussures, ses yeux pétillèrent, et elle baissa la tête vers ses jolies Prada. "- Vous avez remarqué ? Joli, non ? C'est incroyable tout ce que l'on peut trouver, ici, à Paris." Elle releva la tête, décroisa les jambes pour les recroiser de nouveau, dans l'autre sens, et refaire circuler son sang dans sa jambe endolorie.  "- Mais non, je ne suis pas là pour les vacances." Nouvelle bouffe de cigarettes, plus longues. Intérieurement, elle se disait qu'elle était trop cool, à laisser planer un suspens comme ca. Comme dans les films avec ces actrices ultra hot, genre Basic Instrinct. "- Plutôt pour affaires. Je suis dans l'import/export, si cela vous intéresse." Ouais, définitivement, elle avait fait ça de manière cool. Cela n'avait pas été dit de manière irréfléchie pour autant, et elle resta attentive au nouveau sous entendu qu'elle balançait à Octave.
S'il connaissait bel et bien Javier, ce dont elle ne doutait pas, il ne manquerait pas de comprendre ce qu'elle lui proposait. Et alors, de sa réponse dépendrait la suite des choses. S'il était intéressé, elle poserait définitivement ses bagages à Paris, s'il ne l'était pas ... Elle s'essayerait peut être en Espagne ? Ce sera au moins plus facile pour la langue.

Les cigarettes se fumaient décidément trop rapidement, comparés aux cigares. Elle écrasa son filtre sur le banc avant de le jeter distraitement dans le cendrier sur le poubelle juste à coté. "- Cela n'empêche pas de pouvoir profiter de cette si jolie ville. Et il parait que les garçons ont coutume d'inviter les jolies filles à prendre un café en terrasse. " Elle décroisa une nouvelle fois les jambes et lissa la jupe de son tailleur avant de poser une main sur son sac et de fixer le jeune homme. "- Les parcs ont ce terrible défaut d'être pleins d'insectes, et je tiens à ma peau." Les français utilisaient-ils le même argot pour désigner les oreilles indiscrètes des indics et des infiltrés ? Elle l'espérait, pour ne pas qu'il se sente soumis à ses desiderata.


*Esmeralda parle toujours avec un accent espagnol très prononcé. Certains de ses verbes sont à l'impératif, ses "u" se transforment parfois en "ou" et quelques mots sont carrément dit en espagnol, car elle ne connait pas leur équivalent français.

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@ Octave J. P. Brisacq

Octave J. P. Brisacq
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Lun 26 Juin 2023 - 15:35

Les accords franco-colombiens de 2027


— Artistique, je ne sais pas si c’est vraiment ça qui nous importe, nous autres les français. On essaye surtout de jouer aux plus malins. Qui est celui qui en fumera le plus ? Qui ira le plus vite ? Pour les femmes, qui sera la plus mince ?
Lui-même y touchait pour une raison assez stupide : il avait voulu ennuyer sa mère, plus jeune. Le problème, avec la cigarette comme avec toutes les drogues, ce que l’on s’y habituait vite. Il ne lui avait pas fallu plus de deux mois pour devenir accroc.
Maintenant, il traînait son paquet de cigarettes partout où il allait.
Cette fille aussi, du moins il le supposait, vu comme elle tirait dessus de manière professionnelle. Elle avait dû passer des heures à en fumer pour avoir un rendu si naturel, si… féminin.
Détaillant ses traits, ses gestes, Octave se dit qu’il avait décidément un truc pour les étrangères. La dernière qu’il s’était faite était une russe et il ne regrettait absolument pas. Mais il avait bien compris une autre chose : mélanger business et plaisir était une très mauvaise idée.
Même lorsque la femme qui vous faisait face était « TRES ravie » de faire votre connaissance.
D’ailleurs, Rex, d’un coup de museau, le rappela à l’ordre. Il avait dû sentir la poigne de son maître se radoucir et, de son côté, cela ne lui plaisait pas du tout. Il fallait toujours rester sur le qui-vive. Sortir les dents. Serrer les poings.
Pas un instant, il ne fallait se laisser détourner par des yeux pétillants.
— Nous avons les plus beaux créateurs du monde, je suis d’accord. Et, celles que vous avez choisi sont magnifiques. Je ne pourrais pas vraiment sortir avec, mais les offrir à quelqu’un, pourquoi pas ! Je comprends bien votre choix.
Amusé par sa propre blague sur le fait de porter des talons, Octave tourna son regard vers le chien à ses côtés. Il écoutait à peine la jeune femme, pas par manque d’intérêt, mais simplement parce que son temps de latence pour parler était bien trop excessif. Sa patience n’était que de courte durée et le dirigeant de Carpe Noctem n’avait pas spécialement envie d’écouter le silence.
Il allait donc montrer la sortie du bout du nez à Rex, lorsqu’une phrase plana dans son esprit.
L’import/export ? Ah oui ? Tiens…
Cela ne pouvait pas être anodin, après le nom qu’elle avait lancé un peu plus tôt. Elle ne parlait pas de n’importe quel produit, Octave en aurait mis sa main au feu.
C’est donc tout naturellement qu’il sourit à sa proposition. Non pas qu’il ait envie de lui offrir un café, ni de parler insectes, mais parce qu’il voulait en savoir plus sur cette demoiselle. Elle le draguait peut-être mais lui s’en fichait. Il avait des informations à récolter.
Son ordre pour Rex fusa dans la seconde qui suivit.
— Rex, portail.
Et ce dernier se précipita tout aussi rapidement, pour ouvrir la sortie du square à son maître adoré.
Délicatement, Octave poussa la Vénézuélienne vers le café le plus proche et, tout en s’imaginant des dizaines de scénarios, il reprit :
— L’import / export. Intéressant. Je n’ai jamais touché à ce domaine. Vous pourriez m’en parler un peu plus, ce doit être passionnant. Moi, je travaille dans la créa. Et très légèrement dans le marketing. C’est ça d’être son propre boss. Vous êtes en France depuis longtemps, pour ce job ? Vos clients doivent être nombreux…
Il fit signe aux serveurs de leur apporter deux expressos, qui pourraient se continuer par un latte si Esmeralda avait besoin de parler plus longtemps et lui de récolter plus d’informations. Heureusement qu’il n’avait aucun rendez-vous de prévu. Il aurait dû tous les annuler, si cela avait été le cas.


KoalaVolant
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@ Esmeralda C. Alvarez

Esmeralda C. Alvarez
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Date d'inscription : 04/05/2023
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Mar 4 Juil 2023 - 22:51






Les accords franco-colombiens de 2027

La boutade d'Octave prit Esmeralda complètement au dépourvu. Elle ne s'était absolument pas attendu à voir un gars connu dans le monde de la drogue, aux allures que l'on saurait qualifier de violent et implacable, balancer une blague sur lui-même en train de porter des chaussures de créateurs. Elle eut besoin de deux secondes de stupéfaction avant que la blague ne finisse de lui monter au cerveau et qu'elle en pouffe de rire. Baissant rapidement la tête pour éviter de lui cracher au visage et révéler sa bouche grande ouverte dans une pose qui n'aurait rien de gracieuse, elle finit par la relever avec une petite larme au coin de l'oeil. "- Les gens en France n'ont pas peur de montrer leurs goûts pour la mode ! C'est une qualité qui fait cruellement défaut aux hommes de chez moi. Vous savez, moi je ne vous aurais pas jugé ! En tout cas, si vous ne savez pas à qui offrir une paire de Louboutin, je vous donne laisse ma carte. "
Cela faisait quelques minutes déjà qu'elle avait pris soin de prendre dans la poche de son sac à main l'unique petite carte professionnelle qu'elle avait préparé avec beaucoup de réflexion. Dessus y avait il inscrit un numéro de téléphone, juste en dessous de "Esmeralda Alvarez".  Le premier numéro était le "07", pour correspondre à tous les numéros français et ne pas éveiller les soupçons, le deuxième était "57" soit l'indicatif téléphonique de la Colombie et les trois derniers étaient "17, 21, 04" soit la formule chimique de la cocaïne. Bien sur, ce numéro était bidon, il s'agissait seulement d'un message codé, qu'elle espérait que le français comprenne. Au dos de la carte, elle avait inscrit au stylo le nom d'un hotel parisien (pas trop) bon marché.
"- Mon téléphone est cependant en panne, vous pouvez en revanche toujours me trouver à l'hôtel où je suis descendu, si jamais. Et n'oubliez pas les Louboutin. "
Des Louboutin. En toute honnêteté, Esme ne savait pas si cette marque de prestige existait pour de vrai où s'il ne s'agissait là que d'un mensonge destiné à la faire rêver, comme le Père Noël, les jouets qui s'animent la nuit ou les Ferrari.
L'existence du luxe est encore très difficile à croire pour une fille de la campagne sud américaine, plus habituée à la boue et aux serpents qu'aux bals mondains. Comment les gens pouvaient-ils être capable de dépenser ce qui correspondait à une année entière de son salaire en Colombie pour une simple paire de chaussure ?
A l'université de Bogotá, l'une de ses amies se prostituait régulièrement le soir pour être capable de subvenir à ses frais études. Ainsi, un jour, elle était venue parée d'un bracelet Cartier, acheté pour elle par un dealer local, satisfait des services réguliers qu'elle lui offrait. La vision de ce bijou avait marqué Esmeralda, elle se souvenait l'avoir contemplé pendant de très longues minutes et ressenti une profonde envie à l'égard de son amie, résistant longuement à l'idée de lui dérober un bien aussi splendide, aussi déplacé dans leurs existences pauvres.

Remballant ses affaires du banc, Esmeralda emboîta le pas du frenchie, ne s'offusquant nullement de sa main dans son dos qui la poussait délicatement vers un café pittoresque proche du parc. Elle s'amusa encore, joyeuse. "- Ca alors, vous êtes dans le marketing ! Quel heureux hasard, vraiment. " La pression de l'échec qu'elle ressentait depuis quelques jours à l'idée de ne pas parvenir à entrer en contact avec ce gars s'était complètement évaporé, la rendant aussi rayonnante que l'adolescente de seize ans qui siégeait dans sa tête. Elle gratifia le serveur d'un "Gracias" quand il leur désigna une table et elle tira une chaise pour s'installer, posant son petit sac à main noir sur ses genoux. Elle attendit que le gentleman qui l'invitait prenne place également avant de continuer. "- Et vous êtes votre propre boss, donc ? Je suis très honorée de vous avoir rencontré, peut être seriez vous intéressé par mes propres produits. Je  fais dans le ... hum ... la pharmacologie. 100% bio et naturel. " L'hésitation fut marquée mais très brève. Et une oreille indiscrète ne s'étonnerait pas de voir une femme habillée de manière aussi élégante parler de produits pharmaceutiques, un domaine très lucratif. "- Je ne suis arrivé en France que très récemment, après un petit détour par la Lettonie et la Turquie. " Ce n'était absolument pas vrai, elle avait directement atterri en France depuis Bogotà, mais elle trouvait que cela rendait ses produits plus désirables si elle faisait croire à une potentielle concurrence. Et puis s'inventer une vie de voyageuse internationale la rendait carrément plus cool, au moins à ses yeux.
Le serveur revint très vite apporter un expresso, qu'Esme regarda avec circonspection, en retroussant son nez dans une grimace. L'odeur était particulièrement infecte, loin des standards habituels d'un colombienne. Tant pis, elle n'était pas là pour ca. Elle repris "- Nous n'avons pas encore véritablement développé notre marché sur le continent européen, c'est pour cela que je suis ici. Mon entreprise ne se charge que de la production mais nous sommes particulièrement reconnu en Amérique. Nos partenaires distributeurs exportent depuis le sud des États-Unis jusqu'à la pointe de la Terre de Feu. " Elle posa ses mains autour de la tasse avant de les retirer vivement. Le café était bouillant. Elle attrapa l'anse, souffla quelques secondes dessus et le reposa dans la soucoupe sans y toucher. "- J'ai eu quelques contacts avec des clients turcs mais je ne leur fait pas encore confiance. Vous devez connaitre la valeur de la confiance dans le domaine professionnel." Elle le scruta de ses yeux, faisant passer le message qu'il était effectivement primordial qu'il y ait entre eux une confiance mutuelle absolue si jamais un accord avait à se conclure. Pour cela, elle ne souriait pas, affichant son air le plus sérieux. Satisfaite, ses lèvres se déridèrent et elle retrouva sa liesse habituelle. "-  Dites m'en plus sur votre société, Octave. Après tout, peut être êtes vous plutôt dans les spécialités antillaises et nous n'avons rien à voir l'un avec l'autre !" Par spécialité antillaises, elle entendait les cigares, et par extension plutôt les choses qui se fumaient. Bien loin des couteuses poudres à sniffer ou à injecter qu'elle souhaitait proposer au marché français. Finalement, elle reprit l'anse de sa tasse de café et doucement, après avoir une nouvelle fois souffler sur le dessus, porta le café à ses lèvres, qu'elle détacha quasi immédiatement après les avoir humecté. "- Hum en revanche, avec tout le respect que j'ai pour votre délicieuse gastronomie, vous n'avez toujours pas compris comment faire du bon café. " Elle déchira le petit papier d'emballage individuel de sucre et le renversa dans sa tasse, tapotant le fond du sachet pour en faire tomber le moindre cristal, dans l'espoir de rendre ce jus de chaussette un peu meilleur.

*Esmeralda parle toujours avec un accent espagnol très prononcé. Certains de ses verbes sont à l'impératif, ses "u" se transforment parfois en "ou" et quelques mots sont carrément dit en espagnol, car elle ne connait pas leur équivalent français.

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